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Les bébés
30/06/2014
«Les bébés sont de petites personnes; pas des mini-adultes.»
Élizabeth Pentley (traduction libre)
Les bébés sont de petites personnes. Des personnes à part entière, avec leur intégrité physique et psychologique, leur tempérament, leurs complexités et leurs richesses. Ils ont les mêmes besoins que toutes les autres personnes : la chaleur humaine, l’estime de soi, le bien-être physique, se sentir compétent, avoir des relations positives avec son entourage, pour ne nommer que celles-là.
Pourtant une croyance perdure dans notre société souvent déconnectée de son instinct : «Si bébé a été nourri, qu’il a une couche propre, qu’il n’a mal nulle part et qu’il pleure quand même, il ne faut pas s'en faire.» Cette phrase banalise les besoins psychologiques puisqu’elle tient pour acquis que seuls les besoins physiques importent réellement. On entend d’ailleurs souvent ce genre de phrase pour justifier de laisser pleurer bébé seul.
Néanmoins, la science a démontré à de nombreuses reprises que les besoins psychologiques, s’exprimant beaucoup par une demande de proximité au plus jeune âge, sont aussi importants que les besoins physiques. Le développement neurologique et interpersonnel en dépend grandement. D'ailleurs, tout comme manquer d'air peut abîmer le cerveau, manquer de sécurité affective enfant, laisse des traces aussi.
Les bébés ont donc les mêmes besoins que nous. Lorsque nous avons peur, nous aimons être rassurés, Lorsque nous sommes en colère, nous aimons être apaisés et lorsque nous pleurons, nous aimons être consolés, eux aussi.
Par contre ce ne sont pas des adultes en miniature pour autant! Leurs besoins ne s'expriment pas comme les nôtres puisqu'ils ne sont pas au même endroit dans leur développement. Leur réservoir de sécurité et de confiance en soi et en l’autre a besoin d'être rempli, est en train de se remplir (parfois tant bien que mal malheureusement). Le nôtre, adultes, est déjà clos – rempli, beaucoup ou peu –, heureusement il est possible d’en soulever le couvercle, et d’y ajouter des expériences réparatrices.
Mais le réservoir des tout-petits, crie, impose, exige à travers leur pleurs et tous les autres signaux d'être rempli. Ils n’ont pas la capacité et la maturité que nous avons, nous adultes, de s’autoréguler et de relativiser les événements. Les petits sont dépendants des adultes pour les aider à réguler leurs émotions jusqu’à ce qu’ils aient accumulé assez d’expériences de sécurité, pour être capables de se réguler eux-mêmes. Et pas juste pour les premières semaines de vie. Et même les adultes, forts de leur expérience de sécurité parentale intériorisée, ont besoin des autres pour les aider à prendre soin de leurs émotions.
Les enfants ne peuvent pas relativiser les événements comme les adultes. Ils ne peuvent pas se dire : «Oh! Maman me laisse pleurer seul parce qu’elle est trop préoccupée par son travail, mais je peux avoir confiance en elle quand même parce qu’elle serait là sinon.» Ou alors : «Je vais sécher mes larmes et dormir parce que c’est la nuit et je vais voir ma Maman demain.» Non! impossible. Si bébé pleure seul, il intègre qu’il ne peut pas se faire confiance à lui-même, ni aux autres. Alors que nous, adultes, pouvons comprendre que notre amie vit du stress au travail et qu’elle n’est pas présentement disponible pour nous. Ou alors que notre conjoint est en voyage d’affaires et qu’il ne pourra nous accorder du temps qu’à son retour. Et que cela n’est pas en lien avec notre valeur personnelle ni avec l’importance que ces gens nous accordent.
Les tout-petits ne sont donc pas des mini-adultes.
Or, malheureusement, dans notre société, on a plutôt tendance à traiter les petits en mini- adultes plutôt qu’en petites personnes. Souvent en ne respectant pas à sa juste valeur leur si belle et grande sensibilité, et les besoins qui en découlent. Et en leur demandant plutôt de faire des manœuvres intellectuelles dont ils sont incapables et qui les forcent à tromper leurs besoins et leurs émotions.
N’exigeons pas d’eux ce dont ils ne sont pas capables, mais plutôt respectons-les et soutenons-les dans leur capacité à ressentir et à demander notre présence, notre accompagnement. Faisons confiance à nos enfants, soyons à l’écoute! Ils nous expriment ce dont ils sont capables et là où ils ont besoin de nous. Et pas que par leurs pleurs, qui sont en fait leur dernier recours.
Références :
Harlow, Harry F. Russel, Roger W. (editor). American Psychologist, 1958, Vol.13(12), pp.673-685
Harlow, H F. Scientific American, 1959, Vol.200(6), pp.68-74.
Siegel, Daniel J. Schore, Allan N. Infant Mental Health Journal, 2001, Vol.22(1‐2), pp.67-94
©Alice Trépanier